Lecture vivante et réjouissante de Les Esprits de la terre, de Catherine Colomb – Episode 2
Maison de Quartier Sous-Gare Avenue Dapples 50, LausanneEpisode 2 Les Esprits de la terre (extrait)
Est-ce qu’il leur avait seulement dit bonjour? Mais non, il jurait après le tas de bois. Et quand ils allaient à l’église le dimanche, il leur faisait honte. « Toujours à marcher derrière dans cette vieille veste de velours. » C’est qu’il essayait de mar- cher sur l’ombre de Madame, après avoir évité celle de la tour abolie1 d’où la tourterelle était tombée en voulant cueillir du capillaire. «Regarde, sa valise est plantée sur la terrasse. Et lui? Je parie qu’il est déjà couché sur la grève.» Elle traversa majestueusement la maison. César, couché sur la grève, sen- tait avec délices la terre nue céder sous son poids; il soule- vait quelques pierres roses et grises que les vagues de mars avaient apportées et contemplait le ciel peuplé de fenêtres bleues et d’anges en trompe-l’œil. Il pensait au firmament de novembre, mieux accordé à sa vie misérable, ces rideaux qui s’écartent lentement sur un ciel peint de couleurs sombres qu’un oiseau solitaire traverse en allongeant son long cou. Une guêpe indolente sortant de l’obscurité de l’hiver se traî- nait sur la grève, les sphères se traînaient ainsi sur le seuil, se réchauffaient au premier soleil du monde et s’envolaient lourdement, les pattes engluées, prendre leur place dans l’univers.